Sébastien Jullian / Dualité
Julien se réveille, les mains ensanglantées, au milieu de nulle part. Et une question traverse son esprit : est ce que ce sang lui appartient ? Est-ce le fruit de son imagination ? Pourquoi il ne s’en rappelle pas ? Qu’a-t-il fait hier soir ?
En tentant de découvrir la vérité, il va soulever un passé, un présent, et nourrir une dualité. Celle de coexistence de deux opposés.
SWING OR SLOW / Rythms’n’Books talks about the flow :
Distorsions de la pensée, des émotions, du langage, des perceptions…
Je sors de la lecture de Dualité, et je suis un peu sous le choc.
J’ai découvert la maladie du trouble de comportement à l’âge de 9 ans, avec le film Fight Club de David Fincher.
De mes yeux d’enfant, c’était quand même très traumatisant et controversé. Depuis, j’ai toujours eu une peur bleue des histoires de dédoublement de personnalités, surtout quand le sujet en question est un psychopathe.
Sébastien Jullian est très bien informé sur le sujet de cette pathologie, et nous entraîne dans une recherche un peu folle des recoins un peu tordus du cerveau de son personnage Julien.
Julien n’a vraiment rien pour plaire. Il est agaçant, amer, ne cherches pas à se faire aimer, et n’aime pas les autres. Il n’aime pas la solitude, pourtant il est moins seul qu’il ne le croit.
A travers le récit de l’auteur, des vérités se révèlent, plus tordues les unes après les autres, dans une cadence entrecoupée d’indices, de soupçons, d’enquêtes. Julien se pose beaucoup de questions et va au devant d’une vérité qu’il n’a pourtant pas jamais choisie.
C’est un thriller psychologique haletant. Au fur et à mesure des pages tournées, on a qu’une envie : savoir ce qui réellement passé vendredi soir. Et à qui peut on vraiment faire confiance ?
Il y a d’autres personnages qui s’ajoutent à la torture mentale de Julien dans ce roman psychotique. Tous plus givrés les uns que les autres, mais ils jouent un rôle très important dans cette histoire sombre ; une femme un peu trop blessée, un vieux voisin qui matte et qui en sait un peu trop, un flic arrogant, prétentieux et vaniteux…
L’auteur a choisi la France pour mettre en scène cette sordide histoire, et cite beaucoup de références musicales et cinématographiques. Et j’ai vraiment apprécié toutes les connaitre. J’avais tous les éléments en mains pour me fondre dans le décor et l’esprit de Julien. Ce qui était très déstabilisant, je l’accorde.
Fucking Crazy, j’ai lu les dernières pages chez moi, seule, sur ma terrasse. Je suis allée me coucher et j’ai quand même mis une heure avant de m’endormir. Julien ne voulait pas sortir de ma tête, honnêtement j’avais une trouille au maxima, grosses gouttes de sueur, impossible de fermer les yeux de peur de le voir entrer dans ma chambre. Oui je sais ça vire à la paranoïa mais j’y peut rien. Une âme sensible au cœur d’enfant face à un psychopathe schizophrène ? Sébastien Jullian a gagné !
J’ai vraiment adoré la façon dont le roman est écrit, c’est une véritable tenue en émotions et en suspens. Il maîtrise parfaitement les rouages des polars à sensation avec un sujet sensible qui touche quand même trois pour cent de la population. Un sujet tabou qui n’a pas vraiment de traitement. Une maladie psychiatrique qui fait peur, qui peut être dangereuse, mais surtout que personne ne comprend.
Dualité se lit très bien, de bons passages qui te font écarquiller les yeux en grand et qui te nouent le ventre. J’ai apprécié la fluidité des événements, la subtilité de certains passages concernant un échange entre certains individus, la simplicité et la dureté des mots utilisés pour chacun des personnages, les informations vraies et réelles sur certains détails d’une manigance, et surtout j’ai adoré l’approche de Sébastien qui a fait de la dure réalité, une ébouriffante fiction. On est plongé dans le personnage, on est le psychopathe, le torturé. Et c’est assez effrayant de se retrouver coincé dans ce corps si… inhumainement humain.
Amateur de psychose en délire, je vous le recommande vivement. Vous percevrez les choses autrement et en apprendrez beaucoup sur les troubles de personnalités. Et vous vous direz certainement la même chose que moi : ‘bon je vais arrêter de me parler toute seule maintenant !’
Une lecture excitante et horrible à la fois ! Etrange noirceur saupoudrée d’un air frais et nouveau ! Merci à Sébastien Jullian pour son roman et de nous faire partager ses folles histoires !
Et vous ? Si vous deviez enterré un cadavre, comment vous y pendriez vous ?
Le son à l’image
J’étais obligé de choisir le générique de fight club, une musique de film au top et je la dédie à l’auteur.
‘Tu dois admettre qu’il est possible que Dieu ne t’aime pas du tout. Il ne t’a jamais voulu. En toutes probabilités, il te déteste et ce n’est pas ce qui peut t’arriver de pire. On n’a pas besoin de lui mec, on n’en a rien à foutre de sa damnation, ni de sa foutue rédemption. On est les enfants non désirés de Dieu. Très bien.’
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